L’émotion des Voix de Femmes…
Posted on January 29th, 2015

Les “Voix de Femmes“, grâce au spectacle créé par Eléonore Dyl et Mathilde Schennen (production Theater France), continuent de résonner et de voyager à travers le monde, et leurs prochaines escales donneront l’occasion aux résidents de Washington D.C, dans le cadre du Festival de la francophonie 2015, le 6 mars au Ripley Center/Smithsonian, d’entendre ces poèmes forts, méconnus, émouvants, écrits par des femmes du monde francophone (du Mali, de Côte d’Ivoire, de Suisse, d’Haïti, du Burkina Faso, d’Algérie, de Belgique, du Québec, des Antilles, du Congo, du Sénégal, du Cameroun, du Liban), poèmes d’hier et d’aujourd’hui entrecoupés de la musique malienne d’Awa Sangho.
Je vous livre ici l’ouverture du spectacle, en guise de mise en bouche, espérant qu’un jour ou l’autre, vous aurez l’occasion de venir le voir.
PS : “Voix de Femmes” sera aussi donné à Columbia University, NYC, le 11 mars ! Save the date !
Vénus Khoury-Ghata (Liban)
in “Compassion des pierres”
SANS TITRE
Les mots je le sais maintenant déclamaient du vent à
l’époque
à part les cailloux il y avait des lunes mais pas de lampes
les étoiles sortirent plus tard d’une empoignade entre deux
silex
Cinq cailloux pour tout vous dire
un par continent
assez vaste pour contenir un enfant de couleur différente
Il y avait donc cinq enfants mais pas de maisons
des fenêtres mais pas de murs
du vent mais pas de rues
le premier homme portait une pierre autour du cou
Il fit un arrangement avec le premier arbre
un chêne si mes souvenirs sont bons
celui qui arrivait avant l’autre buvait l’océan
Le langage en ce temps-là était une ligne droite réservée
aux oiseaux
la lettre “i” fente de colibri femelle
“h” échelle à une seule marche nécessaire pour remplacer
avant la nuit un soleil grillé
“o” trou dans la semelle de l’univers
Contrairement aux consonnes aux vêtements rêches
les voyelles étaient nues
tout l’art du tissage consistait à ménager leur susceptibilité
le soir elles se comptaient entre elles pour s’assurer
qu’aucune ne manquait
dans les pays caillouteux les hommes avaient un sommeil
sans rêves
